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Le Japon de près ou de loin
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13 juillet 2005

Chine : Nationalisme dangereux (Courrier International)

Un article de Ling Feng paru dans le Taiwan Jihpao et traduit dans Courrier International n°755 m'a semblé intéressant.

On se souvient de l'opposition du gouvernement chinois à l'attribution au Japon d'un siège permanent au conseil de sécurité de l'ONU (dans le cadre de la renforme en cours qui prévoit l'arrivée de nouveau membres permanents).
Parallèlement à ce souhaît, l'internet chinois a été extrèmement actif durant la période. L'auteur de l'article - éditorialiste qui exerce à Taiwan et Hong-Kong - rappelle qu'une pétition a été lancée par les internautes chinois contre ce souhaît du Japon.

"L’objectif initial (...) a été largement dépassé, avec 22 millions de signatures. (...) De toute évidence, l’écho donné à l’événement par les médias officiels constitue un signe d’approbation et de soutien. De plus, personne n’ignore que le gouvernement chinois contrôle très sévèrement Internet."

Le mouvement anti-japonais ne peut pas être considéré comme une simple expression populaire. Les silences du gouvernement chinois sont forcément évocateurs. Ce sentiment a redoublé après la "fameuse" affaire des manuels d'histoire pour les écoliers nippons:

"les nouveaux manuels scolaires japonais prouveraient que le Japon ne regrette pas le passé. Or le Japon est un pays démocratique, où il existe une grande variété de manuels scolaires. Seules deux éditions sont considérées comme occultant les crimes commis par les Japonais lors de l’invasion de la Chine. Les établissements scolaires ont tout à fait le droit de les utiliser ou pas."
(On peut mettre en parallèle le débat actuel en France sur les "bienfaits" de la colonisation...)

A cela, s'ajoute enfin la "menace" régulière évoquée par le premier ministre japonais Koizumi de visiter le temple de Yasukuni à Tokyo, et donc rendre hommage aux criminels de guerre qui y sont enterrés. Maladresse sans nul doute, faite  pour flatter un électorat disons extrémisant... N'est-ce pas ridicule de froisser à si peu de frais les voisins coréens et chinois, alors que de nombreux japonais comdamnent cette visite, et qu'elle ne rime pas à grand chose? N'y aurait-il pas d'autres sanctuaires au Japon ne portant pas un si lourd fardeau? J'ai beaucoup de mal à croire que seul le Yakusuni permet de rendre hommage aux ancêtres et à la Nation...

Mais revenons à la Chine:

"Le gouvernement chinois prétend que ces manifestations sont spontanées. Cependant, la loi chinoise interdit toute manifestation sans autorisation et l’on sait que, sur la place Tian’anmen à Pékin, dès que la police aperçoit un individu à l’apparence un peu louche, elle l’interroge, le chasse ou l’arrête sur-le-champ. Or, lors des défilés contre le Japon, les policiers se sont montrés particulièrement amicaux envers les manifestants.
Le gouvernement chinois veut utiliser à son profit ces manifestations, tout en ayant peur d’en assumer la responsabilité, ce qui montre bien qu’il n’a pas la conscience tranquille. Certes, il redoute des dérapages. (...). Il semble que le gouvernement tire les ficelles. Mais, ce faisant, ne joue-t-il pas avec le feu ? Les masses populaires peuvent être violentes lorsqu’elles ne sont plus servilement dociles."

Autant Koizumi joue un jeu risqué et sans doute bien peu responsable, autant le gouvernement chinois joue également un jeu dangereux. L'histoire chinoise montre de multiples exemples de manifestations populaires "visiblement" dressées contre tel ou tel, mais qui au premier coup de vent prenaient une toute autre cible - en général un chinois ou groupe haut placé... Tout le monde sachant depuis le début qui était la vraie cible. (1)
Je ne nie pas les sentiments négatifs de beaucoup de chinois à l'égard de leur voisin. Mais n'est-ce pas un moyen de commencer à s'exprimer là où le pouvoir reste tolérant, pour ensuite déplacer les revendications sur du concret, et donc du domaine intérieur?

Traditionnellement, le nippon est le méchant à la télévision chinoise. La présence d'un ennemi extérieur est bien pratique. Mais la corde n'est-elle pas usée depuis si longtemps? Surtout par rapport à tout ce que les chinois ont pu soutirer aux gens d'en face. C'est de bonne guerre, me direz-vous. Mais le futur géant chinois est loin d'être le géant débonnaire dont la planète aurait bien besoin pour succéder au texan va-t-en guerre...

Un ami japonais allant souvent pour son travail en Chine me rapportait sa lassitude face à l'éternel discours contre le Japon. Il n'est pas question de nier les agissements du passé, mais cette insistance à tout voir à travers ce passé finit par être lourde. Les agissements passés et présents du gouvernement chinois au Tibet font rarement la une lors de discussions commerciales et politiques. Il y aurait pourtant à dire...

Bref, sans minimiser les actes japonais pendant la guerre, cet article a l'avantage de resituer le sujet dans un contexte purement chinois et de soulever quelques questions rarement évoquées.


Note:

(1) : je suis en train de lire "Wei Jingsheng, un Chinois inflexible" aux éditions Bleu de Chine, une biographie de cet ancien garde rouge, devenu l'un des opposants à Deng Xiao Ping, qui évoque notamment quelques pièces ou textes "historiques" qui au travers d'événements passés, critiquaient le pouvoir, Mao en tête. Vint ensuite, la Révolution Culturelle...

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